samedi 10 mars 2018

Le pot d'or

Voici la première nouvelle d'Hoffmann qui m'a réellement subjugué. Forte de 126 pages (format poche), cette nouvelle a été publié pour la première fois en 1814 sous le titre Der goldene Topf, traduit littéralement par Le pot d'or.

L'étudiant Anselme est quelqu'un de très maladroit et quand un beau jour,
il renverse le panier de pommes et de gâteaux d'une vieille femme,
sa vie tourne au cauchemar.
Il commence par entendre les chuchotements de trois petits serpents verts et or
et tombe follement amoureux de l'un deux.
Puis, en tant que copiste, il entre au service de l'Archiviste Lindhorst
qui n'est autre que le grand Salamandre, un puissant magicien.

Cette nouvelle appartient clairement au thème fantastique et annonce les prémices de la fantasy. Le personnage principal se retrouve coincé entre le choix de la raison qui lui suggère d'épouser Véronique (la fille de son directeur) et son envie d'aventures qu'il ressent quand il est auprès de Serpentine, un être merveilleux. Il se retrouve malgré lui au milieu d'une guerre qui oppose une magicienne (plutôt une sorcière) au grand mage Salamandre. Anselme doit choisir son camp et devra se « battre » pour devenir un héros ...

Bien que cette histoire se déroule dans le monde réel, contemporain à la rédaction de l’œuvre (l'aventure se passe à Dresde dans les années 1800), tout un pan de la narration fait appel au merveilleux : à l'intérieur de la maison de l'Archiviste se trouvent des jardins enchantés peuplés d'animaux étranges et des objets aux grands pouvoirs magiques. Anselme, lui-même, semble y acquérir des pouvoirs hors du commun quand il y travaille. L'histoire personnelle de l'Archiviste semble empruntée à une légende. C'est pourquoi je vois dans cette nouvelle les prémices de la fantasy : un monde merveilleux peuplé d'animaux fantastiques et de magiciens qui s'affrontent.

On pourrait presque rapprocher cette œuvre de Marie Poppins ou de Narnia grâce à l'incursion du merveilleux dans la vie réelle. Je me demande si cette nouvelle n'aurait par ailleurs pas inspirée La Dent-de-Dragon qui appartenait au magicien Piou-Lu de Fitz-James O'Brien paru en 1856, texte ayant lui-même inspiré la nouvelle d'Abraham Merrit : La Porte du Dragon. En revanche, je suis persuadé qu'elle a beaucoup inspiré Théophile Gautier pour son texte La cafetière paru en 1831 (soit seulement 17 ans plus tard). On retrouve en effet dans ces deux nouvelles des personnages « capables » de se transformer en objets du quotidien : une cafetière dans l'un, une théière dans l'autre.
Il devient très agréable de pouvoir commencer à établir des liens entre les auteurs, des textes qui en ont inspiré d'autres ou des thèmes communs, traités de manière similaire ou au contraire, avec des visions totalement divergentes.

Malgré le style toujours ampoulé d'Hoffmann, on se retrouve très vite pris d'affection pour Anselme et on envierait presque d'être avec lui pour voir les merveilles qui se cachent dans la maison de l'Archiviste.

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