vendredi 29 décembre 2017

Metzengerstein

Metzengerstein est la première nouvelle éditée de Poe. Elle paraît pour la première fois le 14 janvier 1832 dans The Philadelphia Saturday courier, d'abord sous-titrée The Hungarian myth, puis A tale in the imitation of the German. Cette nouvelle connaît le succès et permet à Poe d'établir sa réputation. Elle sera, comme beaucoup d'autres, traduite par Charles Baudelaire qui fera connaître l'auteur en France.

Cette histoire de 13 pages (format poche) est basée sur la rivalité de deux familles bourgeoises hongroises (aux noms imprononçables et surtout  inécrivables  difficilement "orthographiables" sans modèle) : les Metzengerstein et les Berlifitzing. Alors si, comme moi, votre culture littéraire se révèle finalement plus pauvre que vous ne croyiez, vous penserez tout de suite aux familles Montaigu et Capulet et vous direz que tout se terminera par la mort tragique des enfants chéris uniques de chaque famille. Mais … Que nenni !!! Enfin si … Mais non ...

En introduction de la nouvelle (je viens de découvrir qu'en littérature, on dit « épigraphe », pourtant, j'avais cherché sans succès le terme sur google pour mon précédent article …), on peut lire cette phrase latine : « Pestis eram vivus, -moriens tua mors ero. » Cette citation de Martin Luther (le protestant, King n'était pas encore né à cette époque) prophétise l'aventure de la nouvelle : « Vivant, j'étais ta peste. Mort, je serai ta mort. » Phrase, qui avouons-le, sonnerait très bien dans un roman d'épouvante actuel, un post-apo plein de zombies ...

Cette nouvelle a pour thème principal la métempsychose. Si j'avais su ce que voulait dire ce terme avant de lire le texte, l'histoire aurait perdu de son attrait. En vous le disant, je ne spoile en rien le suspens car le terme apparaît à la 6ème ligne. Si, comme moi (encore une fois), vous ne connaissiez pas la définition de ce mot, ne vous inquiétez pas, il s'échappera vite de votre pensée.

Métempsychose, donc, un sujet clairement fantastique mais auquel je ne pourrais (pour le moment) adjoindre aucune autre histoire.

Au départ, une haine profonde entre d'un côté Wilhelm, comte Berlifitzing « vieux radoteur infirme » ne vivant que pour ces chevaux et la chasse et de l'autre, le jeune Frédérick, baron Metzengerstein, tout juste majeur, fraîchement orphelin, héritier d'une richesse sans limite et menant rapidement une vie de débauché.
Une nuit, un incendie prend dans les écuries du château Berlifitzing. Pendant ce temps, Frédérick est « hypnotisé » dans ses appartements par une tapisserie relatant le meurtre d'un ancêtre Berlifitzing sous les yeux de son cheval par un Metzengerstein.
Quand tout à coup, le cheval semble s'animer …

Ouh la la, que de suspens … Il va sans dire que cette courte nouvelle nous tient tout du long en haleine et même si on en devine aisément la fin, on la lit avec un grand plaisir.


J'ai découvert sur Comptoir littéraire que cette histoire avait fait l'objet d'une adaptation au cinéma en 1967 dans Histoires extraordinaires, un film contenant 3 sketchs tournés par 3 réalisateurs différents. Dans le premier sketch, Roger Vadim semble proposer une adaptation très libre de l'histoire puisque Frédérick devient Frédérica (interprétée par Jane Fonda) et le comte Berlifintzing devient son cousin (interprété par Peter Fonda). D'après les commentaires d'Allociné, il semblerait que ce soit une seconde adptation, la première ayant eu lieu en 1949. A découvrir peut-être plus tard …



Finalement, même s'il revient du XIXème siècle, le Poe est atemporel et se lit aisément. Je pense que je prendrais plaisir à découvrir les prochaines nouvelles et que j'y reviendrais facilement. Je vais donc aller tenter une nouvelle incartade, chez Théophile Gautier, cette fois.


PS : si vous avez une liste de synonymes à disposition pour les termes « nouvelles », « textes », « histoires », je suis preneur (j'ai l'impression de toujours me répéter).
;)

mercredi 20 décembre 2017

Bon-Bon

Bon-Bon est une des premières nouvelles écrites par Edgar Allan Poe en 1832. Cette nouvelle de 22 pages a été traduite par Alain Jaubert. Le titre original étant aussi Bon-Bon, on ne peut pas dire que le traducteur l'a détourné ...

Première bonne surprise, le lieu de l'action : je suis très étonné qu'un auteur américain du XIXème situe l'action de son histoire à Rouen, capitale préfecture de ma région natale.

Ensuite, contrairement aux nouvelles d'Hoffmann, cette nouvelle est vraiment une histoire fantastique de la première huitième page (faut quand même pas abusé le lecteur à cette époque romantique) à la dernière.

Bon-Bon, c'est l'histoire d'un rouennais, restaurateur de renom pour vivre, mais philosophe dans l'âme. C'est à la troisième ligne qu'intervient ma deuxième bonne surprise : le nom du café de Pierre Bon-Bon  ('fin, par ordre de lecture, au final, c'est la première puisque le mot « Rouen » arrive à la 4ème ligne). Je ne spoile pas mais je prends plaisir à imaginer que peut-être ce nom a inspiré Tolkien.

Bon-Bon, c'est l'histoire d'un personnage qui rencontre celui qu'il a toujours adoré, celui qui a donné un sens à sa vie et qui va se rendre compte que finalement, il s'est fourvoyé depuis le début.

Bon-Bon, c'est une vrai nouvelle de fantastique, puisque basée sur l'utilisation d'une de ces figures emblématiques. Je n'en dévoilerai pas plus (si ce n'est l'intro de la nouvelle pour conclure ce post) car cette histoire en huit-clos se limite à une « simple » conversation où n'intervient que peu pas d'action. On n'est pourtant tenu en haleine jusqu'à la conclusion et on enchaîne tout de suite sur une seconde nouvelle.

L'intro de l'histoire donne un indice sur son déroulement, je vous en fait part et vous laisse faire vos pronostics :

          Quand un bon vin meuble mon estomac
         Je suis plus savant que Balzac -
         Plus sage que Pibrac ;
         Mon bras seul faisant l'attaque
         De la nation Cosaque
         La mettroit au sac ;
         De Charon je passerois le lac
         En dormant dans son bac ;
         J'irois au fier Eac,
         Sans que mon cœur fît tic ni tac,
         Présenter du tabac.
                  VAUDEVILLE FRANÇAIS. 

Édit du 29/17/17 : je viens de trouver un article très intéressant concernant l’œuvre de Poe sur le site Comptoir littéraire. Je déconseille la lecture de ce très long article avant celle des nouvelles car tout y est très détaillé, mais ça permet de mieux connaître la chronologie et le contexte de parution de ces nouvelles. Bien que l'analyse littéraire soit très poussée (peut-être trop au vu de mes études scientifiques), elle me permet de mieux appréhender les enjeux des thèmes développés et ainsi de mieux comprendre l'évolution de la SF à partir de ces précurseurs.

Je peux ainsi ajouter que Bon-Bon est paru pour la première fois le 1er décembre 1732 dans The Philadelphia Saturday Courier sous le titre "The bargain Lost" (Le marché perdu) avant de prendre le titre Bon-Bon (plus neutre que le titre original). Bon-Bon est la quatrième nouvelle publiée de Poe, après tout un tas de poèmes et d'essais.

 

Petite incartades ...

J'ai le sentiment que le XIXème siècle marque l'essor du fantastique. C'est le siècle qui voit les naissances de nombreux précurseurs du genre : Edgar Allan Poe, Théophile Gautier, Jules Verne, Lewis Caroll, Bram Stoker, Robert Louis Stevenson, Oscar Wilde, HG Wells, Edgar Rice Burroughs, HP Lovecraft (…), du conteur Andersen et l'écriture des histoires d'Hoffmann et de Mary Shelley …

Autant vous dire que ma Liste des Livres à Lire est fort longue.


Bref, comme la lecture des nouvelles d'Hoffmann était un peu tortueuse, j'ai décidé de faire quelques incartades chez Poe et chez Théophile Gautier. J'ai donc commandé 2 livres, présentant chacun leurs premières nouvelles :



Le premier recueil des éditions Folio SF (collection que, soit dit en passant, j'adore sous sa forme argentée) présente 19 nouvelles de Poe en 374 pages. Le second des éditions Maxi-Livres présente 12 nouvelles de Théophile Gautier en 443 pages.

Bien m'a pris parce que ces deux auteurs ont un style bien moins ampoulé qu'Hoffmann, les histoires se lisent donc bien plus facilement, sont plus attrayantes et sont, elles, bien marquées par le genre. Bien qu'écrites il y a plus de 100 ans les nouvelles de Poe semblent (pour le moment du moins) très contemporaines.