jeudi 22 mars 2018

La Légende de Sleepy Hollow de Washington Irving

Il m'arrive très souvent d'être déçu par les adaptations cinématographiques des lectures que j'ai appréciées. D'abord parce que les personnages n'ont pas du tout la tête que je leur avais attribuée. Ensuite, et surtout, parce que de nombreux passages manquent dans le film ou, pire encore, que l'histoire a été totalement remodelée.

C'est pourquoi maintenant, je préfère voir le film avant de lire le livre (ce qui parfois peut prendre beaucoup de temps avec toutes les sagas fantastiques adaptées au cinéma) mais ça en vaut généralement la peine.

Pas là !

Si j'avais adoré le film de Tim Burton en 1999 (quoi, presque 20 ans ?!), ça n'a pas été du tout le cas avec la nouvelle.

Celle-ci, publiée pour la première fois en 1820 dans le recueil The Sketch Book of Geoffrey Crayon, Gent, longue de 64 pages (format poche), est complètement plate.

Pour ceux qui ne connaissent pas (“comment est-ce possible ?!” :oP), La Légende de Sleepy Hollow raconte la rencontre d'un maître d'école, épris de la fille d'un notable, avec le légendaire cavalier sans tête.

Dans mon souvenir du film, il y avait beaucoup de suspens, d'angoisse, de ténèbres (propre à l'atmosphère de Tim Burton) et d'action. Alors, j'ai lu, j'ai lu, mais ce n'est qu'au bout de 50 pages que l'“action” commence. En 5 pages, c'est bouclé et en plus, on n'est même pas sûr du dénouement. L'auteur laisse planer le doute pour permettre au lecteur de se faire son idée. Personnellement, je déteste ça. ;)

Bref, j'ai bien envie de revoir le film pour savoir s'il est aussi bon que dans mon souvenir. J'en ferai alors une chronique, ma première cinématographique ...

La Morte Amoureuse

Voici une petite nouvelle de 35 pages (format poche) qui pourrait facilement s'inscrire dans les meilleures nouvelles que vous ayez lues. Publiée pour la première fois en juin 1836 dans La Chronique de Paris, cette nouvelle clairement fantastique utilise un thème bien connu de l'horreur. Je ne vous en dévoilerai pas l'exact sujet (bien que le titre donne déjà un indice), mais la nature réelle du personnage surnaturel est introduit petit à petit et très finement, ce qui cause le plus grand plaisir.


Cette histoire nous est racontée par Frère Romuald, un prêtre de 66 ans. 
Lorsqu'il était jeune, au moment de son ordination, lui, qui n'avait jamais connu que l'amour de Dieu, croise le regard de la plus belle femme de la ville. Sombrant dans le désespoir d'un amour impossible mais dévorant, son supérieur, l'Abbé Sérapion, l'envoie dans un petit village reculé. Mais cela ne l'empêchera pas de vivre une double vie, au sens réel du terme …


Je ne vous en dévoile pas plus, sinon je vais vous gâcher le plaisir de découvrir cette excellente nouvelle. Je pense que Théophile Gautier s'est inspiré ou a repris le thème d'une des dernières nouvelles d'Hoffmann, mais n'ayant pas encore lu celle-ci, je ne puis l'affirmer avec certitude. Voilà qui donne envie de poursuivre la bibliographie de l'auteur gothique allemand ...

samedi 10 mars 2018

Le pot d'or

Voici la première nouvelle d'Hoffmann qui m'a réellement subjugué. Forte de 126 pages (format poche), cette nouvelle a été publié pour la première fois en 1814 sous le titre Der goldene Topf, traduit littéralement par Le pot d'or.

L'étudiant Anselme est quelqu'un de très maladroit et quand un beau jour,
il renverse le panier de pommes et de gâteaux d'une vieille femme,
sa vie tourne au cauchemar.
Il commence par entendre les chuchotements de trois petits serpents verts et or
et tombe follement amoureux de l'un deux.
Puis, en tant que copiste, il entre au service de l'Archiviste Lindhorst
qui n'est autre que le grand Salamandre, un puissant magicien.

Cette nouvelle appartient clairement au thème fantastique et annonce les prémices de la fantasy. Le personnage principal se retrouve coincé entre le choix de la raison qui lui suggère d'épouser Véronique (la fille de son directeur) et son envie d'aventures qu'il ressent quand il est auprès de Serpentine, un être merveilleux. Il se retrouve malgré lui au milieu d'une guerre qui oppose une magicienne (plutôt une sorcière) au grand mage Salamandre. Anselme doit choisir son camp et devra se « battre » pour devenir un héros ...

Bien que cette histoire se déroule dans le monde réel, contemporain à la rédaction de l’œuvre (l'aventure se passe à Dresde dans les années 1800), tout un pan de la narration fait appel au merveilleux : à l'intérieur de la maison de l'Archiviste se trouvent des jardins enchantés peuplés d'animaux étranges et des objets aux grands pouvoirs magiques. Anselme, lui-même, semble y acquérir des pouvoirs hors du commun quand il y travaille. L'histoire personnelle de l'Archiviste semble empruntée à une légende. C'est pourquoi je vois dans cette nouvelle les prémices de la fantasy : un monde merveilleux peuplé d'animaux fantastiques et de magiciens qui s'affrontent.

On pourrait presque rapprocher cette œuvre de Marie Poppins ou de Narnia grâce à l'incursion du merveilleux dans la vie réelle. Je me demande si cette nouvelle n'aurait par ailleurs pas inspirée La Dent-de-Dragon qui appartenait au magicien Piou-Lu de Fitz-James O'Brien paru en 1856, texte ayant lui-même inspiré la nouvelle d'Abraham Merrit : La Porte du Dragon. En revanche, je suis persuadé qu'elle a beaucoup inspiré Théophile Gautier pour son texte La cafetière paru en 1831 (soit seulement 17 ans plus tard). On retrouve en effet dans ces deux nouvelles des personnages « capables » de se transformer en objets du quotidien : une cafetière dans l'un, une théière dans l'autre.
Il devient très agréable de pouvoir commencer à établir des liens entre les auteurs, des textes qui en ont inspiré d'autres ou des thèmes communs, traités de manière similaire ou au contraire, avec des visions totalement divergentes.

Malgré le style toujours ampoulé d'Hoffmann, on se retrouve très vite pris d'affection pour Anselme et on envierait presque d'être avec lui pour voir les merveilles qui se cachent dans la maison de l'Archiviste.

Omphale






Cette petite nouvelle de 10 pages (format poche) est parue la première fois dans le Journal des gens du monde du 7 février 1834 sous le titre Omphale, ou la Tapisserie amoureuse. Jugent peut-être le titre trop révélateur, il fut plus modestement rebaptisé Omphale, histoire rococo.


Un jeune homme est logé dans le pavillon décrépi de son oncle, baptisé Délices, qui jouit d'une décoration pour le moins rococo. Dans la chambre du narrateur, une tapisserie représente Omphale et Hercule.
Fait étonnant, le regard d'Omphale semble suivre le narrateur. Mais il y a plus étrange encore …


Si cette petite nouvelle n'étale pas une folle action, elle se révèle quand même agréable. Un soupçon de fantastique et surtout un thème similaire au Metzengerstein de Poe permette une lecture plaisante de l’œuvre. Je conseille cependant d'avoir lu la nouvelle de Poe avant, sans quoi celle-ci pourrait vous paraître un brin insipide.

Morella

Morella, c'est l'histoire d'un amour, qui n'en était pas un et que le temps a terni. C'est aussi l'histoire d'une terrible vengeance où la sorcellerie détourne de la manière la plus abominable possible l'événement le plus merveilleux de la vie d'un homme ...

Cette très courte nouvelle de 9 pages (format poche) a été publiée pour la première fois en 1840 dans le Southern literary messenger, mais une lettre écrite par Poe atteste que celle-ci fut rédigée en avril 1835. La version française a été traduite par Charles Baudelaire en 1853. En 1962, l'histoire est adaptée au cinéma dans un sketche de Tales of terror.

La lecture de cette nouvelle a pour moi été plaisante mais pas passionnante. Si le thème est clairement fantastique (forces occultes, sorcellerie, vie après la mort, possession ou métempsychose), l'appartenance horrifique n'apparaît que sous la forme du suspens. Les faits sont relatés très rapidement, pas de détails et très peu d'action : on n'a pas le temps d'avoir peur. Peut-être cette histoire aurait-elle méritée d'être développée, mais je ne doute pas qu'elle ait inspirée par la suite nombre d'auteurs …

Je ne sais pas pourquoi mais durant toute cette lecture le personnage de Morella m'a fait penser au personnage de la sorcière rouge dans Game of Thrones. À voir plus tard si ce pressentiment était fondé ...

Le rendez-vous

Cette petite nouvelle de vingt pages (format poche), traduite une nouvelle fois par Alain Jaubert, est parue pour la première fois en janvier 1834 dans le Godey’s lady’s book, sous le titre The assignation qui a été repris pour la traduction française « Le visionnaire ». Dans le recueil Le masque de la Mort Rouge de Folio SF, la nouvelle prend un titre plus révélateur : Le rendez-vous.

Par une nuit de ténèbres exceptionnellement profondes, une femme
laisse tomber par mégarde son enfant dans les eaux du canal.
Quand tout espoir semble vain, un homme plonge et lui ramène le bébé.
Cette femme lui fixe alors rendez-vous une heure après le lever du soleil.

Et le lieu du rendez-vous ne peut pas être plus étrange …

Au moment de la lecture, je n'ai apprécié que les 6 premières pages et les 2 dernières : un peu d'action au début et du « fantastique » à la fin. Entre deux, beaucoup de descriptions et narrations, à mon sens, futiles. C'est la première nouvelle de Poe qui me déçoit. D'après le comptoir littéraire, Poe aurait pu s'inspirer d'une nouvelle d'Hoffmann (Le doge et la dogaresse) que je n'ai pas encore lue ou ferait la satire de l'aventure de Lord Byron avec la comtesse Guiccioli qui defraya la chronique en 1819.

Maintenant que je suis allé à Venise, cette histoire prend une autre résonance. Peut-être faut-il la lire un soir directement sur place pour ensuite découvrir directement les lieux de l'action.




vendredi 2 mars 2018

Top 10 de mes lectures du XIXème siècle


  1. Perte de souffle d'Edgar Alan POE *

Le magnétiseur

Publié pour la première fois en 1813 dans Fantasiestücke, Le magnétiseur (Der Magnetiseur) est une assez courte nouvelle de 70 pages (format poche).

L'histoire consiste en un huis-clos réunissant le Baron, son fils Ottmar et sa fille Maria et leur ami peintre Bickert. La discution s'oriente vers des sujets fantastiques et plus particulièrement sur les pouvoirs de suggestion et de persuasion. Ottmar relate alors une expérience vécue par son ami Alban. Sujette à des problème de santé, Ottmarr demande alors à son ami d'utiliser son magnétisme pour soigner Maria. Mais introduire Alban dans sa maison, c'est un peu comme faire entrer le loup dans la bergerie …

Voici la première nouvelle d'Hoffmann que j'ai adorée !! Une véritable histoire emprise de fantastique. On y devine les prémices de l'hypnose et l'auteur nous montre toute l'horreur dont les hommes sont capables pour asservir les autres. Une nouvelle très sombre, mais une nouvelle comme je les aime !

C'est étonnant, plus on aime les choses, moins on en a à dire sur elle. On préfère taire ce que l'on sait pour laisser l'entière surprise de la découverte personnelle.