Voici
la première nouvelle d'Hoffmann qui m'a réellement subjugué. Forte
de 126 pages (format poche), cette nouvelle a été publié pour la
première fois en 1814 sous le titre Der
goldene Topf,
traduit littéralement par Le
pot d'or.
L'étudiant
Anselme est quelqu'un de très maladroit et quand un beau jour,
il
renverse le panier de pommes et de gâteaux d'une vieille femme,
sa
vie tourne au cauchemar.
Il
commence par entendre les chuchotements de trois petits serpents
verts et or
et
tombe follement amoureux de l'un deux.
Puis,
en tant que copiste, il entre au service de l'Archiviste Lindhorst
qui
n'est autre que le grand Salamandre, un puissant magicien.
Cette
nouvelle appartient clairement au thème fantastique et annonce les
prémices de la fantasy. Le personnage principal se retrouve coincé
entre le choix de la raison qui lui suggère d'épouser Véronique
(la fille de son directeur) et son envie d'aventures qu'il ressent
quand il est auprès de Serpentine, un être merveilleux. Il se
retrouve malgré lui au milieu d'une guerre qui oppose une magicienne
(plutôt une sorcière) au grand mage Salamandre. Anselme doit
choisir son camp et devra se « battre » pour devenir un
héros ...
Bien
que cette histoire se déroule dans le monde réel, contemporain à
la rédaction de l’œuvre (l'aventure se passe à Dresde dans les
années 1800), tout un pan de la narration fait appel au
merveilleux : à l'intérieur de la maison de l'Archiviste se
trouvent des jardins enchantés peuplés d'animaux étranges et des
objets aux grands pouvoirs magiques. Anselme, lui-même, semble y
acquérir des pouvoirs hors du commun quand il y travaille.
L'histoire personnelle de l'Archiviste semble empruntée à une
légende. C'est pourquoi je vois dans cette nouvelle les prémices de
la fantasy : un monde merveilleux peuplé d'animaux fantastiques
et de magiciens qui s'affrontent.
On
pourrait presque rapprocher cette œuvre de Marie Poppins ou de
Narnia grâce à l'incursion du merveilleux dans la vie réelle. Je
me demande si cette nouvelle n'aurait par ailleurs pas inspirée La
Dent-de-Dragon qui appartenait au magicien Piou-Lu de Fitz-James
O'Brien paru en 1856, texte ayant lui-même inspiré la nouvelle
d'Abraham Merrit : La
Porte du Dragon. En revanche, je suis persuadé qu'elle a
beaucoup inspiré Théophile Gautier pour son texte La
cafetière paru en 1831 (soit seulement 17 ans plus tard). On
retrouve en effet dans ces deux nouvelles des personnages
« capables » de se transformer en objets du quotidien :
une cafetière dans l'un, une théière dans l'autre.
Il
devient très agréable de pouvoir commencer à établir des liens
entre les auteurs, des textes qui en ont inspiré d'autres ou des
thèmes communs, traités de manière similaire ou au contraire, avec
des visions totalement divergentes.
Malgré
le style toujours ampoulé d'Hoffmann, on se retrouve très vite pris
d'affection pour Anselme et on envierait presque d'être avec lui
pour voir les merveilles qui se cachent dans la maison de
l'Archiviste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire